Œphosphera

« Heureux les fêlés
car ils laisseront
passer la lumière
 »

Michel Audiard

Noir. Lumière.

Aux origines. Un éclair. Puis des millions. La vie se déploie. Lentement. S’insinue dans l’eau, dans la roche, se ramifie en cellules, poursuit sa course appliquée, constante et silencieuse, jusqu’à se faire os, se faire sang.

Noir dans la salle. On attend. Le silence, ce ventre creux, n’attend qu’un signe, un sursaut, une voix, une vision pour enfanter le monstre. Nos imaginaires.

Un faisceau de projecteur. Et soudain l’acteur naît. Nu dans sa lumière. Et avec lui apparaît tout un nouveau monde, et l’on navigue dans cette ère inconnue comme si l’on sentait, ressentait quelque chose de tangible, alors que non, rien n’existe vraiment.

Un nouveau monde pour regarder l’autre. Tout en plongeant dans nos propres entrailles. Éclairer en creux ce que l’on n’ose voir, guetter la vérité comme la lionne guette sa proie, chercher la lumière dans l’obscurité de nos consciences. 

Aimer. Partager. Transcender. Éveiller.

Notre mission : interroger ce que l’on cache. Dévoiler ce qui dérange. S’appliquer à faire naître la magie dans l’ordinaire. Lire entre les lignes. Apprendre à regarder. Et rire bien-sûr. Comme on pourrait pleurer. Danser chaque émotion. Offrir à chaque geste, à chaque mot, à chaque instant, l’intensité d’une étreinte.

Et peut-être, lorsque le dernier projecteur aura éteint sa flamme, sonnant le glas de l’autre monde, lorsque nous, comédiens, danseurs, magiciens, alchimistes, irons en coulisses délivrer notre fatigue, peut-être restera-t-il un peu de cette incandescence, lovée dans le ventre rond des spectateurs complices, comme un espoir phosphorescent.